Huis clos et passe-muraille

Comment ça, vous ne connaissez pas le code du feu nucléaire ? Au train où vont les choses, ce sera bientôt un secret de polichinelle.

La première fortune de France espionnée par son majordome, l'équipe des Bleus victime d'un supposé "traître du vestiaire", le gouvernement miné par une prétendue "taupe" qui renseignerait la presse...  Ces temps-ci, aucune confidence ne tient plus de cinq minutes - ou bien  nous sommes tous devenus parano.

Aujourd'hui même, un député UMP de Haute-Savoie a avoué son PPH : pendant l'audition de Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenech, devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée, Lionel Tardy s'est amusé à en "twitter" les meilleurs moments vers l'extérieur. A la 57ème minute, le petit rapporteur a tout de même été prié de cesser son petit jeu et le silence est retombé sur cette séance dite "à huis clos".

Déblatérer n'est plus un plaisir innocent réservé aux pipelettes. De l'influence de la technologie sur les PPH...

Des poumons hors de prix

"Rien de moins glamour, rien de plus décevant qu'une jolie fille passée aux rayons X !" écrivions-nous jeudi dernier  à propos du calendrier ("Des filles dans le plus simple appareil") d'un laboratoire allemand d'imagerie médicale.

Eh bien, faisons amende honorable, NOUS AVIONS TORT. Si nous apprécions les plaisirs de la chair, nous sommes incapables d'apprécier la puissance érotique et le pouvoir évocateur d'une architecture d'ossements. Bref, nous sommes nuls.

Que voyez-vous au bas de ce texte ?

Une radio des poumons ? OK.
Sérieusement, elle ne vous émeut pas, cette radio ? Regardez bien.
Non ? Eh bien, nous ne possédons pas tous les mêmes ressorts et les voies du fétichisme sont impénétrables. La radiographie en question vient en effet d'être adjugée pour 45 000 dollars (35 000 euros) lors d'une vente aux enchères, à Las Vegas...
...tout simplement parce la personne passée aux rayons X s'appelait Marilyn Monroe !

Un beau cliché de beaux poumons, ça vaut cher. Et pas seulement quand on est radiologue.

 Pour votre petit plaisir honteux de voyeur et à titre de bonus, le Bréviaire vous l'offre ici en format poster.

- Alors, ça ne vous fait toujours rien ?

Le pompier et l'emmerdeur

Scène de trottoir, saisie cet après-midi, rue Cambronne (Paris XVème).

A l'approche de leur bal annuel du 14 juillet, les pompiers de Paris sont mobilisés pour vendre aux chalands des billets de tombola. Devant l'étal de la poissonnerie, un jeune sapeur - gentil, trop gentil - cherche à liquider son carnet quand...

...Un quidam s'approche, engage la conversation, monopolise l'attention du soldat du feu, le noie sous sa logorrhée, l'empêche de regarder ailleurs. Un morceau de scotch extra-strong dont le malheureux - gentil, trop gentil - n'arrive pas à se défaire ! Esquisse-t-il un geste pour s'adresser aux passants ? L'autre le rattrape par la manche et le ramène dans sa nasse.

Bilan de l'après-midi : un bide commercial.

Le pire est que l'emmerdeur n'a même pas eu conscience de s'adonner à un petit plaisir honteux. Et, a fortiori, d'en jouir.

Quant au sapeur - décidément gentil, trop gentil - il n'a pas osé lui balancer le mot inscrit sur la plaque de la rue en question...

Il y a ainsi des PPH qui se perdent.

Des filles dans le plus simple appareil

Afin d'oublier un peu l'ambiance délétère dans laquelle baigne la France, pourquoi ne pas aller chercher nos PPH au-delà des frontières ?

En voici un, pêché en Allemagne.

Une agence de création publicitaire a imaginé, pour l'un de ses clients, un calendrier dont chaque mois est illustré par le cliché d'une fille dans une pose suggestive. Rien de bien original, direz-vous.

Sauf que le client en question étant un laboratoire d'imagerie médicale, les photos olé-olé sont remplacées par des... radiographies. Logique, après tout.

L'inconvénient est quand même de taille pour qui pensait se rincer l'oeil : rien de moins glamour, rien de plus décevant - comme on peut le vérifier ici - qu'une jolie fille passée aux rayons X ! Du pur gâchis.

Pour une fois que le petit plaisir honteux n'est pas du côté du voyeur, donnons quand même sportivement (si l'on peut encore utiliser l'adverbe) un coup de chapeau aux créatifs qui ont monté ce piège.

Vite, rentrons à la maison !

Du grand déballage public auquel se livre actuellement l'équipe de France de football, ressort au moins une évidence : d'un bout à l'autre de la planète, les PPH jaillissent avec férocité.

On peut hésiter sur le chapitre auquel les rattacher.
River son clou à un frimeur ? 
Savourer l'embarras d'autrui ? 
Attiser une querelle de famille ? 
Faire honte à quelqu'un ? 
S'en sortir mieux que les autres ?
Il y a un peu de tout dans  les titres grinçants et les commentaires sarcastiques de la presse internationale.

Etre en situation de subir les petits plaisirs honteux des adversaires ("donner des verges pour se faire battre") est certes moins agréable que les éprouver soi-même.
Vite, terminons-en et rentrons à la maison.

Pendant le week end, la honte continue

La honte serait-elle le remède souverain contre les situations bloquées ? Vous en versez une goutte dans l'engrenage et le voila dégrippé ! C'est ce qui s'est passé, il y a quelques jours, à propos de certains privilèges ministériels (Estrosi, Boutin, Blanc, Yade...). Il a suffi de les dévoiler au grand public pour qu'il y soit mis fin.

La méthode est diablement efficace - et c'est un vrai plaisir de s'y esssayer.

Deux exemples pris dans l'actualité de ce week end :

☛ le directeur général de BP "chopé" samedi sur l'île de Wight, où il était venu encourager l'équipage de son yacht lors d'une prestigieuse régate. Rien de choquant ? Sauf pour l'image de la compagnie, déjà très atteinte. L'avant-veille, auditionné par la Chambre des représentants à Washington, n'avait-il pas juré : "nous n'aurons pas de repos tant que le puits ne sera pas maîtrisé "? Aïe ! On attend la suite.

☛ dans l'affaire des Bleus, on n'aura pas eu besoin d'attendre.

La honte faite par L'Equipe à Anelka (dont les injures envers Domenech figuraient samedi à la Une du quotidien) a entraîné non seulement son exclusion immédiate, mais un flot de révélations, d'attaques et de vengeances dont on ne voit pas la fin. Le furoncle est crevé.

Et s'il y a un traître dans l'équipe, comme le disent les joueurs, son PPH doit être à la hauteur du ramdam qu'il a provoqué !

Ils l'ont dit avant nous

" A quelque chose malheur est bon.

Le malheur des autres, cela va sans dire.

              Il n'y a même que cela de bon. "

Léon Bloy

Exégèse des lieux communs.

Vous n'avez pas honte ?

Le petit plaisir honteux qui fonctionne le mieux ces temps-ci : faire honte à autrui.

Honte à Christian Estrosi pour ses deux appartements !

Honte à Christine Boutin pour sa double rémunération !

Honte à Christian Blanc pour ses  cigares payés par l'Etat !

Honte à Rama Yade pour son hôtel réservé en Afrique du sud... plus clinquant encore que celui des Bleus qu'elle avait elle-même dénoncés !

La liste est longue de ceux qui ont tendance à préférer l'ombre à la lumière. "En France, disait Wolinski, il y a deux sortes de gens : ceux qui cachent leur feuille de salaire et ceux qui ont honte de la montrer." Ce qui fait du monde !

Voila donc un PPH dont on n'a pas fini de jouir.

Monte là-dessus...

Alors ça, c'est vraiment un plaisir honteux : se moquer des personnes de petite taille. Un quotidien régional des Pyrénées prétend que l'Elysée aurait à nouveau, comme naguère chez Faurecia, opéré un casting parmi le personnel de l'usine Turboméca de Bordes, où doit se rendre le président de la République la semaine prochaine : toute personne mesurant plus de 1m50 1m70 devrait être tenue à bonne distance du chef de l'Etat (lire ici).

De son côté, le Post.fr enfonce le clou : un marchepied serait installé devant chaque machine, afin que l'important visiteur n'apparaisse pas trop nabot à côté de l'ingénieure - un peu grande perche - qui lui présentera la ligne de fabrication.

Et un bobard de plus ! N'a-t-on pas déjà raconté que Nicolas Sarkozy se haussait sur la pointe des pieds pour les photos (voir "Le petit mensonge des Tom Pouce", notre post du 29 mars), alors qu'il s'agit d'un exercice quotidien prescrit par son orthopédiste ? Demandez à Frédéric Lefebvre.

N'importe quoi, ces rumeurs. Qu'on démente et qu'on prenne immédiatement le contrôle de La République des Pyrénées.

Dimanche prochain, la Fête des Pères !

   
J - 7  ! 

Avec Papa, on tourne toujours autour des mêmes idées : une eau de toilette, une cravate, un kit pour barbecue, un GPS de bord...


En toutes circonstances, lui fait mine d'être content :
"Etre père, c'est prétendre que le cadeau qu'on préfère c'est un cendrier en terre cuite", a dit l'acteur américain Bing Cosby.

Cette année, changez de registre.
Surprenez-le sans vous ruiner.

Offrez-lui le

Bréviaire des petits plaisirs honteux *

* conseil des librairies Dialogues.fr (Brest) et Mollat.com (Bordeaux)

Quand David se paie la tête de Goliath

En vertu de quoi les petits plaisirs honteux devraient-ils être réservés aux personnes physiques ? Les "personnes morales" aussi peuvent se les offrir ! Dans la guéguerre que se livrent les grands moteurs de recherche sur le net, une bataille éclair vient d'opposer Bing (jeune créature de Microsoft) à Google, qu'on ne présente plus.

L'enjeu est planétaire : le look de leur page d'accueil ! Pour ne pas être à la traîne de son concurrent, qui met chaque jour une photo différente en fond d'écran, Google avait décidé, hier, de faire la même chose à titre de démonstration. Mais, suite à un bug, impossible aux internautes de saisir la raison de ce changement. D'où une avalanche de protestations, qui a obligé le géant à battre en retraite et à rétablir sa page blanche habituelle. Bref, un coup d'épée dans l'eau.

Le PPH là-dedans ? Ce communiqué moqueur aussitôt diffusé par l'adversaire sur Twitter : "Nous avons perdu un fond d'écran. Merci de nous le renvoyer à Bing.com."

Enjeu planétaire, on vous l'avait dit.

Comédien, c'est un métier !

La radio, c'est épatant. Depuis que la plupart des émissions sont filmées, c'est toujours épatant mais, en plus, c'est redoutable. En voici une nouvelle preuve, saisie ce jeudi matin sur Europe 1.

Jean-Pierre Elkabbach recevait à son micro l'actuel patron de Goldman Sachs Europe, l'établissement considéré comme l'un des responsables de la crise financière.

On ne vous en dit pas davantage, regardez ici.

Sincère, réactif, convaincant. Rions.

Pourtant, le banquier en chef avait tout bien préparé (on imagine les heures de brain storming avec son brain trust), rédigé consciencieusement ses réponses (semble-t-il, dans l'ordre des questions). Il s'était entraîné à les lire sans bafouiller. Hélas ! la caméra tournait. L'image des papiers étalés est impitoyable et le résultat consternant : texte risible, langue de bois poussive, interprétation catastrophique, comme l'ont aussitôt souligné des sites comme Marianne2 ou Rue89.

Impression générale : un "enfumage" de première, qui ne risque pas d'améliorer l'image des banquiers dans l'opinion.

C'était notre PPH du jour.

Des estomacs solides

S'empiffrer ! Voila un PPH qui ne passe pas forcément par l'estomac... encore qu'il faille pas mal d'estomac pour justifier certains plaisirs.
Dernier cas en date, celui de Christine Boutin, chargée par Sarkozy d'une mission sur les conséquences sociales de la mondialisation (sans rire !). Rémunération : 9 500 € par mois + secrétaire particulière, bureau, voiture et chauffeur, sans compter son indemnité de conseillère générale et sa retraite, soit plus de 18 000 euros mensuels. Choquant, dans les circonstances actuelles ? Sûrement pas, réplique l'ex-ministre, vu la "très haute responsabilité" que représente ladite mission.

N'en doutons pas.

Et les PDG aux indemnités fabuleuses ? Et les exilés fiscaux ? Et les parlementaires cumulards ? Etc... Etc... Bonne conscience - ou inconscience - générale, à l'heure où l'on prône la rigueur (pardon pour le gros mot, il nous a échappé ! ).

Il faut croire que le petit plaisir de se goinfrer est si intense que le privilégié en oublie d'être honteux.

Spécial nanas : baisers volés aux Champs

Madame, mademoiselle, si vous êtes à Paris demain, mercredi 9 juin, si vous errez l'âme en peine, si le printemps vous titille malgré la pluie, si vous rêvez en secret d'embrasser un beau mec, cette info vous concerne.

A 15 heures, une centaine de mannequins (masculins) se mettront en branle du haut des Champs-Elysées (à hauteur du Drugstore Publicis) pour descendre vers le Grand Palais, en embrassant sur leur chemin toutes les personnes du sexe opposé qui ne s'y opposeront pas.

Bien sûr, on voit le coup de pub. Mais, après tout, nous ne sommes pas des pères-la-pudeur et le concept du Bréviaire nous interdit de censurer ce petit plaisir honteux, à saisir* sur la plus belle avenue du monde.

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* mais à consommer avec modération !

Confessez votre PPH - Le Petit Plaisir Honteux de ...

Anonyme a dit…

Je suis en train de préparer mon anniversaire : 40 ans, ça se fête! A mes invités, je demande une seule chose, se munir d'un "carton d'invitation" original qu'ils devront présenter à l'entrée : le Bréviaire des petits plaisirs honteux.

J'ai tellement ri en le lisant (au point de rater ma station de métro) que je voudrais que tout le monde en profite. De ma part, c'est à la fois une initiative charitable et... un petit plaisir honteux !!!

(13 mai 2010)

La rhinotillexomane du jour

Demain samedi, en regardant la très glamour Daphné Roulier, épouse d'Antoine de Caunes, présenter "L'effet papillon" sur Canal +, pensez à l'aveu qu'elle faisait au magazine Elle en avril dernier :

"J'ai une fâcheuse tendance à me curer le nez dans mes moments d'égarement."

Sachant maintenant que la belle appartient (comme vous peut-être) à la vaste confrérie des rhinotillexomanes — à qui le Bréviaire consacre un chapitre — vous allez peut-être la voir différemment et vous sentir moins seul(e), non ?

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En clair, le samedi à 12 h 40

A bas, la cheminée ! Qu'on lui coupe le cou !

Que faites-vous dimanche 6 juin, en fin de matinée ? Comme d'habitude, allez-vous dire : je fais la grasse matinée, je vais au marché, à la messe, à la piscine, faire mon tiercé...

Variez les plaisirs, bon sang !

En région parisienne, André Santini et Patrick Devedjian vous proposent un petit plaisir honteux : assister à la destruction de la cheminée de l'ex-usine d'incinération d'Issy-les-Moulineaux. Super idée, non ?

Sous la Révolution, on allait voir tomber les têtes en place de Grève ; dimanche, le peuple ira voir s'écrouler la cracheuse de saloperies qui a tant enfumé les habitants de l'ouest parisien. Exécution capitale  placée sous le haut patronage (sic) du député-maire du lieu et du ministre de la relance — inspirés sans doute par feu l'économiste Schumpeter, apôtre de la destruction créatrice.

Approchez, mesdames et messieurs, venez admirer ce magnifique spectacle organisé par Open Space, agence de com' spécialisée dans le développement durable (re-sic).

 "L'enfant brise son hochet, mord le téton de sa nourrice,

étrangle son oiseau, bien avant d'avoir l'âge de raison",

a écrit le marquis de Sade.

Plaisir trouble de détruire et voir détruire...
Santini et Devedjian savent ce qu'ils font, nous sommes restés de grands enfants.

Le sourire de Jankovic

Avez-vous suivi le duel Jankovic-Shvedova à Roland Garros, ce mercredi après-midi ? Et ce smash immanquable - et spectaculairement manqué - de la Kazakhe ? Image sidérante.

Mais plus parlante encore la réaction, certes fugace, de son adversaire serbe qui accède, ce soir, au dernier carré du tournoi : une joie stupéfaite, irrépressible, devant le loupé de la tête de série n° 36.

Tâchez de revoir l'image : un sourire qui se lâche et qui authentifie l'un des PPH décidément les plus répandus chez l'être humain, savourer l'embarras d'autrui.