Question : était-il indispensable de réveiller un symbole éteint depuis plus de vingt ans ? Qu’y a-t-il au fond de nous-mêmes pour expliquer cette espèce de régression collective téléguidée par la pub ? Un manque, une insupportable absence ?
En jouant sur nos racines profondes et les clichés qu'elles déclenchent dans notre inconscient, la nostalgie possède bien plus de pouvoir qu’un vendeur Darty. Il suffit de l'activer pour que les images incrustées dans nos tissus remontent à la surface... comme dans la pub !
Au temps de la Mère Denis, les hommes allaient au café, les femmes au lavoir, creuset de toutes les médisances, source intarissable de petits plaisirs honteux.
« L’eau arrive à laver beaucoup de choses, dit un proverbe serbo-croate, mais pas une mauvaise langue ».
Déblatérer ! C'est ça qu'on aimait. Le coup de battoir, la vacherie, la rigolade à bon compte. Le cancan est une matière inusable qui résiste indéfiniment aux lavages.
Hélas ! L'adduction d'eau en zone rurale et l’invention de la lessiveuse puis du lave-linge ont tout fichu par terre. Les lavoirs ont fermé. Puis les bistrots. Internet est arrivé ? Oui, mais ça manque singulièrement d'éclats de voix, de persiflage, de langues pointues et d'accents du terroir. C’est ben vrai, ça !
On nous a rendu la mère Denis, OK. Mais ça ne suffit pas. Afin qu’on puisse encore débiter nos saletés, de grâce, rouvrez les lavoirs !
je vous conseille celui de Lacapelle biron (47) il vient d'être retapé, il est entouré de verdure, mais il manque pour l'instant de lavandières aussi bavardes qu'énergiques !
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